HISTOIRE DE LA FACULTÉ
NAISSANCE DE L'UNIVERSITÉ DE NANCY
Au début du XVIIe siècle, le Collège et les Facultés des Arts et de Théologie de l’Université de Pont-à-Mousson comptaient 1600 élèves, celles de Droit et de Médecine, 400. La Faculté de Médecine ne comptait alors que 4 chaires : Anatomie, Médecine Générale, Chirurgie et Pharmacie.
Cette dernière avait été instituée dans le but de « contribuer à la formation des étudiants à la médecine » mais aussi, comme le précise le texte, « à celle de bon nombre d’écoliers qui désirent de se rendre capables d’exercer seulement la pharmacie ». Le 12 août 1628, Claude Haguenier est le premier à recevoir le titre de « Professeur et Lecteur en Pharmacie ».
La mort du roi Stanislas et le rattachement de la Lorraine à la France en 1766, entraînèrent la translation de l’Université de Pont-à-Mousson à Nancy, en vertu des lettres patentes édictées les 31 juillet et 3 août 1768 par le roi Louis XV, gendre du défunt.
Cette opération fut délicate. Le Collège Royal de Médecine créé en 1752 à Nancy en avant du Petit Théâtre (devenu de nos jours le musée des Beaux-Arts, place Stanislas) bien qu’étant une institution concurrente de la Faculté, voulut bien lui prêter ses locaux. Toutefois, cette situation ne pouvait durer et il fut décidé d’édifier un bâtiment nouveau pour l’Université en bordure de l’actuelle rue Stanislas. Cet édifice, aujourd’hui occupé par la bibliothèque municipale, fut bâtit entre 1770 et 1778.
Nancy se trouvait donc à la tête d’une des vingt-deux Universités de France, une Université complète à quatre Facultés, et les autorités locales étaient fières du bâtiment spécialement élevé pour l’abriter. Durant un peu plus de vingt ans, l’Université nancéienne allait poursuivre une existence sans grand éclat pour disparaître à la suite des décisions des assemblées révolutionnaires.
En effet, ces dernières, qui voyaient dans les Universités, des corps privilégiés, les firent disparaître en 1793, sous la Terreur, détruisant ainsi, après deux siècles d’existence, un haut lieu de l’esprit qui avait pourtant formé, pour la Lorraine, la France et même l’étranger beaucoup d’hommes qui s’étaient fait remarquer dans les différentes carrières de la société.
Les maîtrises de Pharmacie subirent le même sort. Ainsi, pendant des années il n’y eut plus d’enseignement officiel de la Pharmacie en Lorraine, bien qu’un enseignement libre se soit organisé de bonne heure.
HISTORIQUE : UN ESSOR DIFFICILE
Durant la période révolutionnaire, François Mandel, auteur avec plusieurs confrères pharmaciens, d’une Pharmacopea Nanceiana qui lui valut une mention honorable de la Convention, avait essayé d’instituer dans l’ancienne capitale des Ducs un enseignement professionnel en ouvrant gratuitement un cours de pharmacie. Un peu plus tard, les aspirants pharmaciens purent profiter des cours de sciences faits dans l’ancien bâtiment du Collège Royal de Médecine par la Société de Santé de la Commune de Nancy, fondée le 12 nivôse An IV (2 janvier 1795) pour palier au manque d’enseignement en sciences médicales.
En l’an XI (1802), De Haldat et Serrière, puis Simonin et Bonfils, créèrent une École Libre de Médecine dont les cours, qui durèrent jusqu’en 1807, comprenaient des enseignements effectués par les pharmaciens :
– la botanique, enseignée par Willemet,
– la thérapeutique et la pharmacie, enseignée par Mandel,
– de la chimie, enseignée par Nicolas.
Ces cours étaient surtout destinés à former des médecins et des chirurgiens pour les armées.
Une ordonnance royale du 13 octobre 1840 créa une École Préparatoire de Médecine et de Pharmacie dans plusieurs villes de France, dont Nancy. Cette école ne commença à fonctionner que le 6 novembre 1843. Jusque-là, il n’y avait pas d’enseignement officiel de Pharmacie en Lorraine, et les examens en vue des deux types de diplôme de pharmacien, étaient passés à Strasbourg, mais les examens seulement, car l’École Supérieure de Pharmacie de Strasbourg ne posséda pas de local pendant longtemps et n’exista donc guère qu’en titre.
A l’École Préparatoire de Nancy, depuis sa fondation jusqu’au 1er octobre 1872, l’enseignement de la Pharmacie fut à peu près sacrifié comme en font foi les discours de rentrée solennelle des Facultés et Écoles. En 1852-1853, sous le règne du Prince-Président, l’École comptait 68 étudiants en Médecine et seulement 7 en Pharmacie. Les cours de sciences pures, qui n’étaient pas prescrits par les programmes, comprenaient la Physique, l’Histoire Naturelle, les Mathématiques et enfin la Chimie et la Pharmacie qui furent d’abord professées par Blondlot.
Il est certain que Blondlot ne pouvait pas, avec un programme très étendu, satisfaire à la fois les étudiants en médecine et les étudiants en pharmacie. Aussi, en septembre 1856, le Conseil de l’École décidait-il :
– que Blondlot ferait un cours de chimie dans lequel il donnerait aux élèves des notions suffisantes de toxicologie.
– que le cours de pharmacie serait fait par un professeur suppléant.
Cet enseignement pharmaceutique fut annexé à la matière médicale et professé d’abord par Laurens puis après sa mort, en 1861 et 1862, par Delcominète. Ensuite il n’y eut plus de cours de pharmacie à l’École Préparatoire.
NAISSANCE DE L'ECOLE DE PHARMACIE DE NANCY
Mais durant cette période, que devenait l’Université nancéienne? En 1852, grâce à l’action énergique du Baron Guerrier de Dumast, le ministre de l’Instruction Publique avait établi une académie à Nancy. La ville obtenait deux facultés : celle des Lettres et celle des Sciences (le Droit ne devait s’y adjoindre qu’en 1864). Cette vie universitaire lorraine resta modeste jusqu’en 1871, mais l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’Empire Allemand devait donner vigueur à Nancy en lui confiant l’héritage de Strasbourg.
Deux délibérations du Conseil Municipal de Nancy, deux propositions à l’Assemblée Nationale, une démarche des représentants de toute la région auprès de Thiers, demandaient de grouper à Nancy « tous les éléments d’instruction supérieure qui se trouvaient, avant nos malheurs, dans les deux chefs-lieux des ressorts académiques de l’Est ».
Le transfèrement de la Faculté de Médecine et de l’École Supérieure de Pharmacie de Strasbourg fut voté par l’Assemblée Nationale le 19 mars 1872. Nancy devenait ainsi la seule ville provinciale à posséder quatre Facultés et une École Supérieure. Le 1er octobre 1872, l’ancienne École Préparatoire de Nancy disparaissait, fusionnant avec les établissements venus de Strasbourg.
Administrativement dépendante de la Faculté de Médecine jusqu’en 1876, l’École Supérieure de Pharmacie s’installa avec elle dans le bâtiment de l’Académie.
Car c’est dans l’enceinte de ce palais que résidait la faculté de Pharmacie pendant de nombreuses années. Seul en 1872, le bâtiment au premier plan existait.
Par le décret du 11 janvier 1876, l’École de Pharmacie acquit définitivement son autonomie. Son premier directeur fut le professeur Oberlin.
En 1877, il fallut penser à de nouveaux locaux. Ainsi fut décidée la construction le long de la rue de la Ravinelle, d’un bâtiment destiné à abriter les cours et les travaux pratiques.
Ce fut chose faite en 1879. Durant les décennies qui suivirent l’emménagement dans ces nouveaux locaux, aux quatre chaires de Chimie, Matière Médicale, Toxicologie-Physique et Histoire Naturelle vinrent s’ajouter en 1902 celle de Pharmacie Galénique alors que celle de Toxicologie-Physique était transformée en « Toxicologie et Analyse Chimique ». La constante progression du nombre des étudiants, la multiplication des cours et des travaux pratiques, nécessita une surélévation du bâtiment de la rue de la Ravinelle de deux étages, réalisée en 1907 et 1908.
Après la guerre de 1914-1918, le retour à la France de l’Alsace et de la partie annexée de la Lorraine posèrent le problème du devenir de l’École de Nancy. Il fut finalement décidé de créer une nouvelle École Supérieure à Strasbourg et de conserver celle de Nancy. Quelques maîtres quittèrent cependant Nancy pour Strasbourg, afin d’assurer la mise en route de la nouvelle École de Pharmacie.
DE L'ÉCOLE À LA FACULTÉ
La qualité des enseignements, la valeur des recherches et découvertes scientifiques des Professeurs de Pharmacie, sans doute aussi leur participation à la lutte contre l’arme chimique allemande, avaient assuré la renommée des Écoles Supérieures. C’est sans doute cet ensemble de raisons qui incita le Gouvernement à ériger ces Écoles en Facultés par le décret du 14 mai 1920. Quatre facultés de Pharmacie existèrent donc sur le territoire national : Paris, Montpellier, Strasbourg et Nancy.
Pour notre Faculté, le professeur Louis Bruntz, directeur de l’École, en fut le premier doyen avant de devenir recteur de l’Académie. D’une activité inlassable, il sut porter à un haut niveau la renommée de l’École et de la Faculté, ce qui se traduisit, entre autres, par la création en 1920 de la chaire de Bactériologie, transformée en 1922 en chaire de Microbiologie, en même temps qu’était créée celle de Pharmacie Chimique.
Le doyen Bruntz comprit très vite que le développement de la faculté ne pourrait être assuré que par la construction de nouveaux locaux modernes, capables d’accueillir des étudiants de plus en plus nombreux et surtout d’assurer, grâce à des laboratoires adaptés, une recherche scientifique de qualité. Il entreprit les démarches nécessaires à la construction d’une nouvelle faculté. Ses efforts poursuivis par les doyens Seyot, Pastureau, Kayser, Gillot et Richard nous ont valu nos locaux actuels qui furent inaugurés le 6 novembre 1951 par le ministre de l’Éducation Nationale A. Marie.
Ces locaux se sont vus adjoindre un bâtiment annexe, réservé à la Pharmacodynamie. En outre, sous l’impulsion du doyen Bernanose, deux surélévations ont été réalisées à partir de 1967 pour abriter de nouveaux laboratoires de recherche et de travaux pratiques.
A la suite de la loi d’orientation du 12 novembre 1968, la Faculté de Pharmacie de Nancy a été transformée en une Unité d’Enseignement et de Recherche (UER), et plus récemment, par la loi Savary, en Unité de Formation et de Recherche (UFR). L’UFR « Faculté de pharmacie » est aujourd’hui une des composantes de l’Université Henri Poincaré-Nancy 1, à côté des UFR issues des Facultés de Médecine et des Sciences, des Instituts Universitaires de Technologie (IUT) et des Écoles d’Ingénieurs.